Jean-Christophe Béchet

LE PHOTOGRAPHE

 
Jean-Christophe Béchet mâche rarement ses mots, mais sans en être avare. L’artiste qui sait ce qu’il veut et ce qu’il fait. Avec une vision du monde un peu solitaire, un peu mélancolique et un peu iconoclaste, il trouve partout des lignes, des aplats de couleur et de grandes zones d’ombres, rehaussées par un soleil dur, quand il est là.

Le thème ne l’intéresse pas, c’est le style qui prime. Ville, montagne ou grande plaines ? Selon les envies. Argentique ou numérique, carré, vertical ou panoramique ? Selon le projet. Mais il n’y trouve de sens qu’à travers le papier, la chimie ou les encres, qu’il manie avec autant de plaisir qu’un négatif ou un appareil photo : en un mot, la matière.

Et quoi de plus abouti qu’un cadre, sinon un livre ? Jean-Christophe en a réalisé près de 30, dont une bonne partie sont présentés à la galerie, en plus des nombreuses expositions monographiques et collectives qui lui déjà ont été consacrées.

PHOTOS

LES EXPOS

[Mémoire de l’instant] « Avec ces livres, Jean-Christophe Béchet nous raconte son attachement à une photographie pure, celle qui engage une confrontation directe au réel. […] Dans la fulgurance de l’instant naît ce fragment d’émotion […] Il confère aux images cette dimension de fragilité qui les rend si prégnantes et au bout du compte si attachantes » Dominique Gaessler, critique et éditeur.

[Paysages véhiculaires] « Je ne sais pas vraiment ce que raconte cette série. Mais je crois que ces images restituent l’esprit d’un moment et d’une géographie. Avec la mondialisation, les mêmes habits sont portés partout, les mêmes musiques anglo-saxonnes sont diffusées. Les véhicules restent différents. Ils reflètent la psychologie d’un pays, son rapport à l’espace, à la puissance, à la réussite sociale. À son histoire politique aussi. »

10 « CARNETS »,
1 IDENTITÉ

La passion du livre et l’amour de la matière ont conduit Jean-Christophe à la définition d’un format. Des livres tirés (au cordeau) en moins de mille exemplaires

HABANA SONG

« Cuba n’est pas qu’une île. C’est un symbole politique. C’est aussi une part de notre imaginaire collectif. J’étais allé à Cuba à la fin des années 1990, au moment où les « Balseros » sur leurs radeaux de fortune essayaient d’atteindre Key West, en Floride, juste en face… Vingt ans plus tard, je reviens à La Havane, juste après la mort de Fidel Castro. La ville est en pleine mutation. Je suis hypnotisé par la superbe mélancolie de ce monde figé. »

#9 – PETITS PAYSAGES AMÉRICAINS

L’Amérique des grands espaces, en petit format.

#9 – PETITS PAYSAGES AMÉRICAINS

« aujourd’hui dans chaque lieu touristique, des galeries proposent des images de grand format où les couleurs saturées jouent une symphonie bruyante et kitsch. Tout le panel des artifices de la photographie contemporaine est au service d’une représentation allégorique d’un paradis perdu, d’un Éden déconnecté du monde réel.

Mes petits paysages américains, de taille modeste, en noir & blanc argentique, faits au Leica M6 avec un seul objectif Summicron 35mm, sans retouche, ni recadrage, sont une réponse (un antidote ?) à ces représentations hyperboliques. »

#4 – TOMBOUCTOU, PEUT-ÊTRE…

« C’était il y a 25 ans, à l’été 87. […] Je voulais revenir doucement, et arriver en bateau depuis Alger […] Chacun m’a déconseillé d’aller sur ce territoire là, désormais fermé aux européens. Alors je me suis replongé dans mes archives […] Aujourd’hui l’image de Tombouctou apparaît dans ma mémoire comme un mirage dans le désert brûlé de soleil »

#4 TOMBOUCTOU, PEUT-ÊTRE…

« J’espère qu’un jour je retournerai au Mali, au Niger, au Burkina-Faso, dans le désert algérien… Je prendrai alors avec moi ce livre. Il est presque fait pour ça. Pour garder une trace. Évidemment ce ne sera plus les mêmes voyages, les mêmes nuits en plein air, les mêmes tempêtes de sable qui eurent raison de tous mes appareils… Mais j’irai, comme les premières fois, au hasard du moment, là où les taxi-brousse me portent. »

#1 NOIR VERTICAL

« Au départ, il y a une phrase de Pierre Soulages : J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. »

#1 – NOIR VERTICAL

A l’arrivée, il y a un livre, et le début d’une saga photographique…